Le hasard n'existe pas. Ce matin,
la Crevaison , l'indispensable blog
pense-pas bête de
Joël H nous rappelle la mort de Pasolini. J'écoute une chanson, je lis une strophe du poète.
Chez
Fine stagione, Emmanuel F nous parle d'Alda Merini . Je relève le fragment de cette
strophe tout de suite.
"Je ne prie pas parce que je suis un poète du malheur "Je sais que beaucoup rechignent à considérer les anniversaires comme un moment de joie, de partage : surtout pas moi. A mon sens, cela reste l'unique fête sacrée ayant un vrai sens.
Alors, pour participer à ce moment, j'écris ci-dessous la dernière strophe d'un poème composé par Andrea Zanzotto pour son ami Pasolini.
Je t'attendais ici, en haut(1), où, encore,
avec leurs scintillements soupirent les alba pratalia(2)
mais toujours plus pourris par en dessous et par en dessus;
toi tu t'es porté avec courage
là ou l'Italie délire davantage.
Ah, pardonne-moi, si maintenant je ne sais te donner
autre chose sinon ce marmottement, d'un vieil homme désormais...
C'est seulement un pauvre effort, un tremblement,
pour recoudre, et d'une certaine façon relier
-un moment seulement, pour te saluer-
ce qu'ils ont fait de tes os, de ton coeur.(3)
Andrea Zanzottoà Pier Paolo Pasolini Traduit du vénitien ( et expliqué) par
Philippe Di Meo.(1) Ici, en haut: autrement dit en Haute Italie
(2) Alba Pratalia : d'un vers célèbre de la
Cantilène véronese, attestant du passage du latin à l'italien , cité par Pasolini comme par Zanzotto dans leur oeuvre. Ces près blancs sont une image, mieux, une allégorie de la page blanche.
(3) Evocation de la mort de Pasolini : ses os avaient été brisés, et son coeur avait éclaté sous les coups reçus, attesta l'autopsie pratiquée par les médecins légistes.
Non, décidemment le hasard n'existe pas. Il est des anniversaires qui nous laissent toujours songeurs.
Julius Marx
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